"Amener chacun à prendre conscience de son utilisation d’Internet"


L'expo numérique : rencontre avec les étudiants des Rivageois.
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Les étudiants de 2e bachelier en Agrégation de français et d’éducation à la philosophie et à la citoyenneté à la Haute École Charlemagne Les Rivageois ont pris une part active au projet d’animation Jeunes Pensées Pixels. On a discuté avec ces futurs professeurs de leur utilisation d’Internet, des bienfaits et des mauvais côtés de l’avènement de ce nouveau monde digital, de la question de la citoyenneté numérique…
Ci-dessous, les interviews, sous forme de podcast, de trois étudiants (Alicia, Loïc et Franck) et de leur enseignante (Julie Ruwet, professeure de philosophie et de citoyenneté dans l’enseignement secondaire et maître de formation pratique au Rivageois).
Le podcast d’Alicia :


Le podcast de Loïc :


Le podcast de Pierre :


Le podcast de Julie :

Et maintenant, place à la retranscription de l'échange que nous avons eu avec Manon et Pauline, également étudiantes aux Rivageois. 
C-paje : Quelles sont vos principales activités sur le web ?
Manon : Principalement les réseaux sociaux – Instagram, Snapchat, Facebook -, et les recherches dans le cadre de mes études, notamment pour construire mes leçons.
Pauline : Je vais également sur Facebook, Instagram et Snapchat et je fais des recherches sur un peu tous les sujets.
C-paje : Comment utilisez-vous ces réseaux sociaux ? Chacun a-t-il une fonction particulière ?
Manon : J’utilise plus souvent Instagram et Snapchat. Sur Instagram, c’est une vie sociale que je montre aux autres : photos de voyage, dans des restaurants… Sur Snapchat, je partage des choses plus privées avec des amis. Facebook, c’est principalement pour parler avec des amis via Messenger.
Pauline : Je n’utilise pas régulièrement Snapchat : je n’y poste pas beaucoup de stories, c’est plus pour parler avec des amis. Je poste par contre régulièrement sur Instagram des photos de ce que je vis, de voyages, d’aventures, de balades… Sur Facebook je ne mets en ligne que quelques photos bien précises et minutieusement choisies. Je vais sur ce réseau principalement pour parler avec des amis via Messenger.
C-paje : Sur quels types de sites vous vous rendez lorsque vous effectuez des recherches ?
Manon : Je n’ai vraiment pas de site préféré, j’effectue simplement une recherche dans la barre prévue à cet effet, puis je clique sur les liens qui me semblent intéressants, avant d’ensuite faire une recherche de fiabilité sur le site web que je consulte afin de m’assurer qu’il s’agit bel et bien d’un site sérieux.
Pauline : Je me rends souvent sur enseignement.be lorsque je construis mes leçons. Sinon j’apprécie de me rendre sur Youtube pour écouter des vidéos qui me permettent de me renseigner sur une thématique.
C-paje : Côté divertissement, utilisez-vous des plateformes comme Netflix pour les films et séries ou Spotify pour la musique ?
Manon: Je vais souvent sur Netflix, ainsi que sur les chaînes de replay, comme TF1 Replay. Je regarde aussi des contenus sur Youtube : films, vidéos de youtubeurs, documentaires… J’ai l’impression qu’Internet a remplacé la télé, que je ne regarde quasiment plus jamais.
Pauline : Je n’ai pas Netflix ni d’autres plateformes de streaming sur mon ordinateur. J’utilise Youtube pour regarder un film ou écouter de la musique. De mon côté, je regarde encore assez régulièrement la télévision.
C-paje : Combien d’heures par jours passez-vous sur Internet ?
Manon : Il existe un programme qui permet de voir le temps d’écran par jour que l’on passe sur son téléphone et j’ai été étonnée de constater que je passais en moyenne entre trois et quatre heures par jours sur mon smartphone… Je n’ose même pas imaginer le nombre d’heures par jour que je passe derrière un écran si on ajoute le temps passé sur l’ordinateur…
Pauline : J’ai aussi observé mon temps d’écran passé sur mon smartphone et je tourne aux alentours de 3h30-4h par jour…
C-paje : Est-ce que vous jouez aux jeux vidéo ?
Manon : Étonnamment oui, j’adore Fortnite. Ça vient du petit frère de mon copain. Il m’a initiée à ce jeu et j’y ai pris goût. Je dois même avouer que c’est un peu addictif. J’y joue sur PS4. Dans ma jeunesse, je jouais plus sur des consoles comme la DS, sur laquelle j’ai joué à Mario, et j’ai également eu la Wii.
Pauline : Je ne joue absolument pas aux jeux vidéo. J’ai juste eu une DS quand j’étais petite.
C-paje : Si Internet disparaissait du jour au lendemain, est-ce que vous survivriez ?
Manon : j’ai l’impression que, dans le cadre de mes études, j’aurais vraiment beaucoup de mal parce qu’à chaque fois que je construis une leçon, je me demande comment faisaient les professeurs avant qu’il y ait Internet… Ça devait prendre six mois de faire une leçon de 15 jours !
Pauline : De plus en plus jeune, on devient addict à Internet et je pense que personnellement je ne saurai pas vivre sans le web.
C-paje : Quels sont pour vous les bons côtés de l’avènement du monde numérique ?
Manon : La nouvelle accessibilité aux savoirs. Même si, bien entendu, il ne faut pas se fier aveuglément à tout ce qu’on trouve sur le web et qu’il est important de vérifier les informations.
Pauline : Le fait de pouvoir entretenir des relations avec des amis même s’ils sont éloignés géographiquement.
C-paje : Qu’est-ce qui, au contraire, vous inquiète avec Internet ?
Manon : Je ne suis pas du tout rassurée lorsque je constate que dès que je veux utiliser un réseau, on me demande d’accepter une politique de confidentialité que je ne lis pas forcément. On constate parfois aussi que si l’on joue à un jeu sur Facebook par exemple, cette application aura accès à votre liste d’amis etc. Finalement ça fait peur de penser à nos données personnelles auxquelles Internet a accès et qui pourront être réutilisées plus tard… On n’a pas le contrôle.
Pauline : Je me sens pour ma part surveillée par Internet. On peut par exemple remarquer que lorsqu’on fait une recherche sur Google à propos d’un sujet, on a automatiquement par la suite des publicités sur les autres réseaux liées à cette recherche. Notre historique est bien enregistré…
C-paje : Internet peut-il, selon vous, représenter un danger pour les démocraties ?
Manon : Je pense qu’on n'est pas libre à cause d’Internet. Le web n’est pas un partisan de la démocratie puisque, avec les algorithmes, on est constamment influencés.
C-paje : Le cyber-harcèlement, est-ce quelque chose auquel vous avez déjà été confronté d’une manière ou d’une autre ?
Manon : J’ai déjà été confrontée à du cyber-harcèlement, lorsqu’une amie a dévoilé sur un groupe public un secret que j’avais partagé avec elle… J’ai été assez dévastée par cet événement. Je trouve que c’est une thématique forte que l’on doit aborder en cours de philosophie et de citoyenneté, car c’est un cours où les élèves sont amenés à se questionner. Il est important qu’ils réfléchissent aux conséquences qui peuvent découler d’un comportement ne respectant pas autrui.
Pauline : Un membre de ma famille a déjà été harcelé et ça ne s’arrêtait pas aux portes de l’école, cela se poursuivait sur les réseaux sociaux. Et cela affecte même la famille de la personne harcelée… J’estime qu’il est essentiel de parler de ce sujet en classe, il est important de sensibiliser les potentiels harceleurs.
C-paje : En tant que futures enseignantes, quels outils amèneriez-vous aux jeunes sur ces questions ?
Manon : Mon idée est de présenter des conversations présentant des cas de cyber-harcèlement, où les noms ont été effacés, afin d’amener les jeunes à développer un regard critique.
Pauline : Ce serait judicieux d’inviter une association dans une classe afin de parler avec les jeunes de ce phénomène. Je pense notamment à l’association créée par la maman de Marion, une jeune fille de 13 ans qui s’était suicidée après avoir été harcelée.
C-paje : La citoyenneté numérique, ça signifie quoi pour vous ?
Manon : Selon moi, la citoyenneté numérique, c’est amener chacun à prendre conscience de son utilisation d’Internet. C’est se rendre compte de ce qu’on peut y faire tant d’un point de vue positif que négatif et apporter un regard réflexif sur tout ce qui peut arriver grâce ou à cause du web.
Pauline : La citoyenneté numérique, ça permet de sensibiliser les jeunes sur les effets néfastes et bénéfiques d’Internet. L’objectif est de les amener vers une démarche plus neutre, pour qu’on ne puisse pas porter préjudice à leur personne.
C-paje : Est-ce qu’il y a un aspect important selon vous sur cette thématique que nous n’avons pas encore abordé ?
Manon : Tout ce qui concerne la consommation qui se cache derrière Internet. Par exemple, les instagrammeuses qui prônent une vie parfaite sur les réseaux alors que dans leur vie privée elles sont parfois en dépression… Ou alors les publicités qui apparaissent constamment sur nos fils d’actualité…. Le commerce s’est incrusté sur le web et on ne peut plus le supprimer.
Pauline : Les instagrammeuses reçoivent de l’argent afin de jouer le rôle d’influenceuse avec pour objectif au final de nous pousser à acheter. Elles nous présentent un monde idyllique que nous essayons, à notre échelle, d’imiter mais n’y parvenons évidemment pas, ce qui peut rendre malheureux.
C-paje : Comment faire pour parvenir à se détacher de ces messages ?
Manon : Certaines Youtubeuses réalisent des vidéos pour montrer l’envers du décor, afin de se montrer honnêtes envers leur public. Dans la vraie vie, tout n’est pas toujours parfait, il est important de s’en rendre compte.

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Actualité rédigée par
Lucien Demoulin

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