Ephémérides

Ephémérides
"Écoutez ce bruit dans l'espace
Despotes aujourd'hui puissants :
C'est pour vous que le fleuve coule
C'est pour vous que souffle le vent..."
Malevolentia : Nocte & Nebula
 
Avril est le mois de l'incertitude. Si des poissons se sont pendus aux portes, d'autres sont restés dans leur bocal; si certains jours se déclaraient printaniers et même estivaux, d'autres invitaient à ressortir boules et sapin (dont le tronc dessèche lentement sur la terrasse), à chausser skis et raquettes et à reporter le rendez-vous destiné à troquer les pneus neiges contre les pneus d'été.. Si certains jours un vaccin s'avérait sûr, la semaine suivante, il l'était moins; si les chiffres étaient rassurants, le même jour d'autres chiffres étaient alarmants. En avril, ne te découvre pas d'un fil, dit-on, selon le dicton.

Avril est le mois de l'incertitude.
Rouvriront ou ne rouvriront pas les lieux qui ne rouvriront pas, terrassera ou terrassera pas, vaccinera ou ne vaccinera pas, rentrera ou ne rentrera pas en présentiel sans temps partiel, ira ou n'ira pas se faire arroser au bois de la Cambre, fera ou ne fera pas la file pour inscrire sa précieuse progéniture dans une école d'élite? (dans les écoles moins nanties, rassurez-vous, décret inscriptions ou pas... il y a encore de la place).
 
Mai est le mois de la liberté. C'est le temps de l'amour, le temps des copains et de l'aventure.* La liberté de mourir dans une dignité choisie pour l'auteure de ces paroles et des milliers de Français; liberté pour le peuple birman, syrien, yéménite, soudanais (et moi et moi); liberté d'exister pour les invisibles, les délaissés et les désessentialisés. Mai est aussi le mois de la révolte (ou de son écrasement, hommage aux morts de la Commune, 150 ans déjà). 
 
Mai, mois de la liberté.Ce premier, la fête du travail et ses festivités politiques réduites à leur plus simple expression se sont transformées en une fête du ras-le-bol anti-covidien.  Quand le temps va et vient, on ne pense à rien, malgré ses blessures.1  Ce samedi, on a chanté, dansé, revu des films sur grand écran, des comédien.ne.s et des musicien.ne.s sur scène ou sur podium.  Ce samedi, les gens jeunes et moins jeunes, ont repris possession des lieux culturels, des espaces publics, de la rue. Défiler, en fanfare ou en techno, drapeau rouge ou cracheur de feu, défiler reste toujours défiler, arpenter ensemble les territoires communs de la liberté et augurer de lendemains qui chantent. Petit rappel que la politique, c'est la voix de la cité et des citoyens. Et à côté de toutes ces manifestations d'enthousiasme déconfiné, pacifiques et joyeusement bien auto-organisées, quelques exceptions de type La Cambre auront confirmé la règle (l'abus de...) et illustre l'adage "Qui envoie sa police occasionne des préjudices"
 
Que certains le veuillent ou ne le veuillent pas, mai est un mois où les lignes vont bouger, où la reprise va s'amorcer, de droit acquis ou librement reconquis. La parole se libère, l'action reprend vie, le couvercle de la marmite vacille, c'est assez dit le cachalot. Oui mais, ça branle dans le manche, les mauvais jours finiront.2 Il est plus temps que culture, citoyenneté, participation, liberté d'expression et de manifestation, démocratie en somme, reviennent aux affaires. 
 
En mai, fais ce qu'il te plaît?
 
 
1 Le temps de l'amour de Françoise Hardy
2 La semaine sanglante de Jean-Baptiste Clément
 

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